C’est mal foutu ces calendriers. On te met à la diète de matches pendant quinze jours et après, t’en a trois en une semaine. Mais bon, j’vais pas trop me plaindre, vu qu’on les a gagnés.
D’abord, il y a eu Montegnée. Des gradins tellement en hauteur qu’il te faudrait des jumelles pour voir les joueurs. En plus, le garde-corps me bouche la vue et faut que je me mette au 3e étage. C’est bien ma veine, moi qui ai le vertige. Ca a l’air d’aller pour les nôtres, zont l’air remis de la fiesta de la veille. Les rouges sont là aussi, c’est bizarre, ya une fille. Ah non, c’est un mec avec un chignon. Chez nous, les deux absents de la fois d’avant sont là, le blessé ne l’est plus, la manche déchirée est réparée, tout va bien. Il ne manque que le Capitaine, parti au soleil avec sa toute nouvelle épouse, et le coach, qui attend un heureux événement imminent.
On débute avec le ballon mais ça tricote pas mal des deux côtés et il faut presque deux minutes pour voir le premier but, pour nous. Après, c’est passes ratées et mauvaises relances, et le marquoir ne bouge pas très vite. Mais on mène quand même de six points à la mi-temps, en ayant perdu un joueur en route et joué à quatre à un moment, et avec une défense en gruyère.
Le nouveau coach remet les pendules à l’heure dans les vestiaires et on plante un 5-0 d’entrée. Ballon chipé, contre-attaque, but, on la leur fait comme on veut, et on mène de 13 points au quart d’heure. Après on commence à s’amuser : des passes à l’aveugle ratées, un tir trois mètres à côté du but, une longue relance vers… l’adversaire, une passe à l’arbitre (si, si) mais vu que les visités perdent tous leurs ballons, l’avance reste confortable et s’accentue. C’est même notre gardien qui inscrit le dernier but de la partie, sur penalty.
Deux jours plus tard, balade dans la campagne hesbignonne pour le match de 16e à Amay. Un hall des sports flambant neuf. D’accord, je dis flambant neuf mais c’est à mon échelle, parce qu’il a quand même vingt ans. Tournoi de volley en cours, on n’a droit qu’à 2/3 de salle pour s’échauffer. Et vu que les autres jouent en noir, maillots jaunes pour nous, tellement déglingués que plusieurs joueurs ont changé de numéro. A un quart d’heure du coup d’envoi, le parquet est enfin libre. Un type déploie les gradins sur lesquels je suis déjà assis, c’est rigolo. Ils se remplissent, cette bataille-là est largement perdue pour nous, 43-1 si j’ai bien compté. Mais ils sont sympas et très fair-play. Au début, ils sont convaincus que « Amay va gagner, et même aller en quart ». Il est vrai que les trois buts de handicap faussent un peu l’impression que donne le marquoir. Mais en dix minutes, on a rétabli l’égalité et pris un point d’avance. Dans le public, on se questionne, « Il y en a pas de trop sur le terrain, des jaunes ? Ils sont partout ! ». A 7-10, ma voisine reconnait que « ya pas à dire, c’est une division au-dessus, ça se voit ». A 10-16, plus un mot dans les gradins, à 11-16, Kraainem demande un temps mort, et « ils ont peur » ose lancer un voisin. En vu qu’on se prend cinq buts dans les dernières minutes sans en marquer un seul, le public reprend espoir.
Après la pause, Amay égalise. « Ya moyen ! » hurle quelqu’un. Mais l’espoir est de courte durée, les nôtres ne se laissent plus prendre et enchaînent les beaux mouvements. Autour de moi, on est admiratif pour les jaunes, tout en continuant à soutenir ses troupes. Et à la fin de la partie, tout le monde applaudit tout le monde, c’est sympa à voir. A la cafèt’, on boit une bière vite fait, et tous les yeux roulent en regardant passer les casseroles de moules et les plats de boulettes sauce tomate. Ca sent le détour par la case « frites ».
Retour au championnat pour le troisième match, chez nous cette fois, contre Jemeppe. Retour aussi du coach habituel, qui attend toujours son heureux événement imminent. Bleus (nous) contre jaunes (eux). Quinze minutes efficaces qui nous donnent 5 points d’avance, un deuxième quart d’heure catastrophique du côté de la défense, qui les efface. Egalité 15-15, ya des bretelles à remonter.
Seconde mi-temps, on plante un 5-0, les autres inscrivent un penalty, on répond par un 6-0 et zou, on mène de onze points. A la fin du match, l’équipe offre son premier but à Julien, sur penalty, et concède trois penalties à Jemeppe, qui ne les rate pas. Mais bon, on gagne quand même 30-22. Hihaa, on est deuxième du premier tour.
Va y avoir du sport chez Marcel, vu que ça fait un mois qu’on a pas joué à la maison et qu’il y a des tournées en suspens. On est pas rentrés. Ya un « event » super-chic à la cafèt’, avec traiteur et tout un tra-la-la, mais c’est pas grave, on ira dehors pour faire la fête.
Et « à l’heure de mettre sous presse », l’heureux événement imminent ne s’est toujours pas produit.
Bill