Ah, le Palais du Midi, ça faisait longtemps. Je crois que la dernière fois que je suis venu ici, c’était pour un match des Juniors, gagné 18-36. Je me souviens même que les locaux, dans leur salle mythique, avaient plutôt bien résisté à des Juniors à qui on avait reproché la semaine précédente d’écraser sans vergogne leurs adversaires. Faut dire que marquer cent buts en deux matches, c’est pas donné au premier venu. Ce soir, on prend (presque) les mêmes et on recommence. Mais cinq ans plus tard, pas sûr qu’ils réussissent aussi bien que quand ils étaient « jeunes ». Et d’ailleurs, on a qui dans l’équipe aujourd’hui ? Voyons voir ces Jaunes en train de s’échauffer. Ils sont mimis, mes garçons, ils viennent me faire un bisou en passant et me souhaiter la bonne année. Mais… c’est quoi çà ? C’est qui çui-là avec le 6 sur le dos ? On lui a pas dit qu’il risquait sa peau à enfiler ce maillot ? Heureusement pour lui que le titulaire est loin et que personne ira lui raconter. Bon, ça va bientôt commencer, il est temps de s’installer. Pas dans les gradins, la salle est énorme mais quand même pas assez large pour qu’on puisse les déployer. Une bonne âme nous installe des bancs le long du terrain et les plus jeunes grimpent tout en haut des gradins repliés. Les arbitres s’échauffent aussi, puis se mettent à ramasser les plumes qui traînent par terre. Vu qu’on a dû jouer au badminton un peu plus tôt, zont pas fini, il y a des plumes partout. Un type en costard-cravate s’assied à côté de moi, ça doit être le Prèz adverse.
Ça commence. Et zou, Jouff en individuelle. Bizarre ça, on joue pas depuis deux minutes. On mène 1-3. Les filles dans les gradins crient et ce qui est zarbi aussi, c’est qu’elles encouragent les deux équipes et applaudissent autant les uns que les autres. Ça doit être des fans de nos transfuges. Premier péno pour nous, sur le gardien, zut. Euh, vous pourriez pas dire au type assis un peu plus loin de retirer ses pieds du terrain ? Deuxième péno pour nous, poteau, re-zut. On mène toujours, le costard râle.
Après la pause, ils nous prennent Jouff et Lucas en individuelle. Du coup, on attaque à quatre mais sont que quatre pour défendre. « Glissez, glissez, ya des trous ! » hurle le costard. Ben oui, quand on défend à quatre, ya des trous, c’est forcé. Troisième péno pour nous, cette fois, c’est dedans. Ça tombe bien parce qu’on était menés. Les arbitres sifflent, on sait pas trop quoi. Encore un péno raté chez nous. C’est pas poss’ d’être aussi maladroit. Oh, les gars, faut se réveiller ! Je sais qu’on va gagner mais faudrait qu’en face, ils le sachent aussi ! Le costard s’énerve. Il s’en prend aux arbitres qui, même s’ils ne sont pas terribles, sont équitables dans leurs erreurs. Un beau lob pour faire 24-27. Une passe à la n’importe quoi des locaux et le costard s’époumone de colère. Il reste deux minutes, c’est 25-28 et le match se durcit dangereusement. Buzzer, c’est fini, 26-28, on a gagné. Les locaux sont un peu déçus, leur coach accuse l’arbitrage et le costard se casse vite fait. Zont quand même pas cru qu’ils pouvaient gagner contre Kraainem ? Si ? Ben non, on gagne pas contre Kraainem. Mission accomplie, les Jaunes sont contents et notre coach à nous, satisfait de la prestation de ses troupes, répond à une interview par téléphone que « c’était pas facile mais on a fait un bon match ». Faudra lire ça dans la gazette.
Bill