J’aime bien les supporters. Leur mauvaise foi crasse me fait rire. Et des deux côtés des gradins, c’est pareil. On hurle sur les arbitres qui ne voient pas les fautes contre soi. On proteste quand une faute « inexistante » d’un de nos joueurs est sanctionnée. On réclame tellement de cartes rouges qui si les arbitres les donnaient, il n’y aurait plus aucun joueur sur le parquet. On chambre les joueurs qui tombent, on brocarde ceux qui rouscaillent, on crie, on applaudit, on siffle, on chante, on tape des pieds. En résumé, on met l’ambiance. Le plus drôle, c’est que les supporters sont tous pareils, quel que soit l’âge des joueurs sur le terrain. Tenez, samedi dernier, par exemple, nos Minimes affrontaient Tubize, qui pouvait remporter le titre en cas de victoire. Du coup, il y avait presque cinquante supporters rouge et blanc dans nos gradins et ils faisaient tant de bruit que quand je suis arrivé dans la salle, j’ai cru que j’étais en retard et que le match des « grands » avait commencé. Cris, hurlements, protestations, applaudissements, encouragements, chants, tout y était. Le Prèz tubizien était là aussi, debout, affichant un calme olympien et observant un silence sépulcral. Ce n’est qu’au coup de sifflet final qu’on l’a vu applaudir frénétiquement ses garçons, qui venaient de gagner. Mais ce n’est pas le sujet. Notre match à nous, il était important aussi. Nos adversaires avaient bien l’intention de nous infliger une quatrième défaite mais, question d’orgueil, il n’était pas envisageable de le perdre. C’était chaud sur le terrain, mais au final, c’est resté assez correct, grâce aux deux arbitres qui ont maintenu les quatorze joueurs dans les clous. Du côté des gradins, c’était chaud aussi. On a tout entendu et entendu de tout. Un opticien disposé à offrir une nouvelle paire de lunettes aux arbitres, un sourd qui leur proposait de nouveaux sifflets, un urgentiste qui voyait des patients pour lui à chaque action un peu « virile », un conseiller d’orientation qui incitait un joueur qui se plaignait d’un tirage de maillot à changer de discipline, un psychologue qui invitait un autre qui était tombé à se réfugier dans les bras de sa maman. Bref, il y a eu des commentaires pas toujours très élégants ni raffinés, mais en gros, le public a été réglo.
Par contre, le type qui a vociféré « allez faire la vaisselle » aux deux arbitres du jour, qui se trouvaient être de jeunes femmes, ça, non, mille fois non. C’était choquant, c’était insultant, c’était méprisant, c’était totalement irrespectueux et indigne. D’ailleurs, c’est un comportement illégal, sanctionné « d’un emprisonnement d’un mois à un an ». C’est la « Loi du 22 mai 2014 tendant à lutter contre le sexisme » qui le dit.
Alors moi, ce type-là, je l’enverrais bien en prison. Tout droit en prison.
Bill