C’est vraiment pénible cette fin de saison. Les corps sont meurtris et les esprits sont fatigués. Le boulot est fait puisqu’on est en play-offs et c’est dur de trouver de l’énergie pour se battre alors qu’on n’a rien à gagner puisque Eupen est champion depuis longtemps. Mais fallait prouver au coach qu’on avait encore du jus. Et que c’était pas encore cette année que les Rouges nous battraient chez nous. Et puis, on avait une revanche à prendre, quand même.
Alors on a tout donné, de la première à la dernière minute. On a été unis, soudés, du terrain au banc. On a été intraitables en défense, à tel point que nos gardiens pouvaient presque se tourner les pouces. Et il n’a fallu que deux minutes aux Rouges pour comprendre que non seulement ils n’allaient pas nous mettre cinquante buts, mais qu’en plus, ils ne gagneraient jamais ce match. Surpris, qu’ils ont été, les Rouges. Un back qui remplace ses habituels boulets de canon par des tirs tout en finesse, des pivots qui rattrapent des passes ratées et marquent on se demande encore comment, des lobs à dégoûter le gardien, des ballons chipés à croire que les Rouges jouent sans colle, des reconversions tellement rapides qu’elles laissent les adversaires sur place, des droitiers qui marquent de l’aile droite, des nettoyages de lucarne, des phases inédites, des tirs de loin, des penalties arrêtés. On les leur a toutes faites. C’est pas encore cette année que les Rouges nous battront chez nous.
Reste un match, chez les champions. On essayera de se faire plaisir, et surtout, de ne pas se blesser.
Bill
