La Chronique de Bill – 6 décembre 2014

10 décembre 2014

J’aime pas quand Kraainem perd. Surtout quand on se tape un trajet de 250km aller-retour dans le noir. D’accord, c’est pas moi qui conduis et je pourrais pioncer comme les autres, mais quand même, c’est pas drôle. Eupen. Grande cafèt qui donne sur la piscine, preuve que les sports ballon ne sont pas la priorité de l’endroit. Le solarium est désert, la piste de danse aussi. La salle est un peu vieillotte, avec des gradins en béton, entourés d’une barrière. Pour les 4 pelés qu’on est à 45’ du coup d’envoi, c’est pas la peine de nous parquer comme du bétail, mais bon, passons. A l’échauffement, Eupen est en noir, mais ils ont tous leur maillot rouge sur le banc. Deux maillots chacun, pas cool pour la maman qui fait la lessive. A H-30’, toujours que le Prèz sur le terrain, qui remplit la feuille de match de ses pattes de mouche qu’il me faudra une loupe pour déchiffrer. A H-25’, les bleus (sauf un, qui est en rouge pour faire son malin) arrivent, pépère. Après les classiques aller-retour, chacun dans son coin pour son échauffement perso : le gardien joue à la baballe sur le mur comme quand j’avais huit ans (« à l’ordinaire, sans bouger, sans rire, … », ça vous dit quelque chose ?), les autres travaillent leurs abdos, leurs cuisses, leurs épaules, leurs chevilles. H-10’, arrivée des supporters, tambours et trompettes, littéralement. Je décide que ma diabolica restera dans mon sac. Le gradin « visités » est plein, le « visiteurs » est vide, à part moi. Je me demande ce que ça va donner, ce match. Pas une seule défaite pour Eupen cette saison, mais on est les seuls à leur avoir piqué un point l’année dernière chez eux. Ça va commencer, changement de t-shirt pour certains, pendant que d’autres en gardent deux pour jouer tellement ils sont frileux. Le DJ grimpe à son échelle pour éteindre la musique, équipes au milieu du terrain, le capitaine d’Eupen propose une minute de silence en hommage à la Reine, les arbitres vérifient les buts, cris de guerre des joueurs, tout le monde est en place, Kraainem au ballon, on y va.

Et paf, trente secondes pour encaisser le premier but, ça commence fort. Tambours et trompettes, dans une salle qui résonne, ça va être chaud pour entendre les instructions des meneurs de jeu et des coaches. On joue depuis cinq minutes et notre râleur de service vient de gagner un carton jaune. Ça va pas louper, je parie qu’il est dehors dans moins de deux minutes. Bingo, c’est fait. Wouaw, c’est quoi cette nouvelle combinaison ? Un iceberg espagnol renversé ? Dommage que le tir finisse à côté, ça méritait mieux. Les voisins sont sciés. Mais pas silencieux, bien au contraire. Les arbitres sont obligés de se rapprocher pour s’entendre et pouvoir se mettre d’accord sur qui doit avoir le ballon. C’est pour nous et vas-y que je t’entourloupe, c’est 5-5. Et zou, un « Kung Fu » pour faire 8-6. Ceci dit, les buts ont l’air plus facile à mettre du côté d’Eupen que du nôtre. Faut toujours qu’ils tricotent cent sept ans devant le but avant de tirer. Et là, ça fait des heures que les filets d’Eupen restent immobiles. Et si le back se met à tomber par terre sans raison, on est pas sauvés. On va quand même pas se prendre un 11-0 comme contre Hasselt ? Ben si. Deuxième tentative de Kung Fu, mais il y a « zone ». Faut dire que vu qu’elle est peinte en rouge, les arbitres ont l’œil attiré et n’en loupent pas une. Oups, une mauvaise passe d’Eupen, qui aboutit dans les vestiaires. Trois plombes pour récupérer le ballon. On se demande pourquoi se donner tant de mal, d’ailleurs, vu que c’est l’heure d’y aller, aux vestiaires. Le Prèz joue avec son smartphone mais ce qu’il envoie sur la page doit pas être très fun.

Seconde mi-temps, premier but pour nous. Le coach a dû remonter des bretelles parce que les bleus ont l’air plus motivés, même le back s’arrache en défense. Pirouette du pivot, il s’est pris je sais pas trop quoi dans la face et se plaint. Mais comme il n’y a pas de sang, personne se soucie de lui. Temps mort pour Eupen, qui vient de louper quelques tirs. Temps mort pour nous, le coach est furieux, on l’entend hurler jusqu’aux gradins, malgré les tambours et les trompettes. Deux tirs de l’aile droite par des droitiers, pas mal. Et ça, c’est quoi ? J’ai jamais vu un arbitre faire des ronds avec ses bras. Ça veut dire quoi ? Mystère, faudra que je m’informe. Plus que cinq minutes, les bleus ont l’air crevés. Dernier but pour nous. Dix points dans la vue.

Gros soupirs, tronches d’un mètre, cri d’équipe sans enthousiasme, certains se précipitent sous la douche, d’autres traînent sur le terrain. Au bout de cinq minutes, on éteint tout, bonsoir les gens, vous pouvez rentrer chez vous. Saint Nicolas apporte une bière à chacun mais je suis sûr qu’elle ne console personne. A la sortie des vestiaires, grands points d’interrogation sur les figures. Aucun ne sait pourquoi ils ont été aussi mauvais. Ni pourquoi ils le sont depuis quelques semaines. Faut absolument gagner à la maison samedi prochain si on veut rester dans la course pour les play-offs. Après, on a cinq semaines de trêve, ça fera du bien à tout le monde et peut-être on pourra récupérer l’un ou l’autre blessé pour le match à Waterloo. Ensuite, ça devrait être plus facile, vu qu’on a commencé le 2e tour par les deux déplacements les plus difficiles. J’aime pas quand Kraainem perd.

Bill